Autonomie, Prévention de la perte d'autonomie

Le Département plaide pour une revalorisation garantie du taux horaire des aides à domicile

Hélène Sandragné et Séverine Mateille
© Département de l'Aude

Par l'intermédiaire de sa présidente Hélène Sandragné et sa vice-présidente déléguée à l'autonomie Séverine Roger-Mateille, le Département de l'Aude demande à l'Etat d'assumer sa participation dans la nécessaire revalorisation des métiers liés aux services d'aides à domicile dans les SAAD publics.

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Depuis 2018, le taux horaire minimal pour l'emploi d'une aide à domicile employée dans une structure associative a augmenté de 1€ par an. Une mesure dont le Département a assumé la charge financière, faisant passer le budget annuel consacré aux Services d'aides à domicile (SAAD) de 30 à 38,5 millions d'euros. Soit une augmentation de 23% du budget.

2 millions d'heures chez les bénéficiaires audois des prestations autonomie et handicap en 2021

Une nécessaire revalorisation des métiers liés aux services à la personne, à l'heure où le maintien à domicile se développe, notamment dans l'Aude. Et répond ainsi aux souhaits des Audoises et des Audoises de continuer à vivre chez eux, même à un âge avancé. "Pour moi, pour le conseil Départemental chef de file des solidarités humaines, nous avons, dans le cadre de notre schéma unique des solidarités, qui est notre feuille de route en matière de politiques de solidarité pour les 5 prochaines années, posé la question du maintien à domicile comme l’une de nos priorités fortes, a rappelé la présidente Hélène Sandragné, lors d'une conférence de presse consacré au sujet, ce lundi 13 décembre. Notre volonté politique rejoint l’une des préoccupations majeures de nos concitoyens et plus particulièrement des plus âgés : celle de rester à leur domicile le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions. Et j’ajoute qu’au-delà, il s’agit d’un enjeux de société. L’accompagnement des personnes âgées dépendantes à leur domicile est un élément précieux car lorsqu’il n’est plus possible ou pas assuré sur les territoire, l’alternative, est l’entrée en établissement et généralement en EPHAD avec ce que cela peut entrainer à la fois de risque de décompensation, de perte de repères, de perte de proximité avec les familles et les proches mais aussi et plus globale de cout pour la société…"

Ainsi, dans l'Aude, les services d'aides à domicile ont comptabilisé, en 2021, quelque 2 millions d'heures chez les bénéficiaires de l'allocation personnalisée d'autonomie (APA) ou de la Prestation de compensation du handicap (PCR). Ce qui représente 6 705 Audoises et Audois (dont 5 664 bénéficiaires de l'APA) concernés par cette politique de proximité.

Nous attendons du gouvernement qu’il fixe un tarif à 25 €, avec répercussion obligatoire sur les salaires et une compensation totale de l’Etat."

Mais alors que le gouvernement annonce, pour janvier 2022, un tarif plancher de 22€ minimum pour les SAAD publics également, le Département de l'Aude entend que la mesure s'accompagne de garanties, et d'un soutien financier supplémentaire de la part de l'Etat. A l'heure actuelle en effet, la mesure prise est jugée insuffisante. Au vu de la situation financière des SAAD publics, le Département de l'Aude craint que cette augmentation serve, au mieux, à réduire les déficits, et non à augmenter les salaires.

"Tous les services d’aide à domicile publics sont structurellement déficitaires, et l’augmentation annoncée ne permettra qu’à limiter les déficits voir s’approcher de l’équilibre financiers des structures qui ne fonctionnent qu’au prix de subventions d’équilibre consenties par les collectivités qui les portent", regrette Séverine Roger-Mateille, vice-présidente déléguée à l'autonomie. La volonté du gouvernement à agir réellement dans ce sens sera mesuré à l’aune de la décision qu'il prendra sur la question des 3 € supplémentaires. S’il veut réellement améliorer les conditions de rémunération des agents des SAAD, il suffit qu’il compense aux collectivités l’intégralité de ces 3 €, faute de quoi il continuera à faire porter cette responsabilité aux seules collectivités."

Et l'élue de conclure : "Ce que nous demandons est à la fois très simple et nous le demandons avec la plus grande fermeté : nous attendons du gouvernement qu’il fixe un tarif à 25 €, avec répercussion obligatoire sur les salaires et une compensation totale de l’Etat."

Enjeu fort pour le maintien à domicile des personnes dépendantes

Le Département le réaffirme : la revalorisation de ces métiers est un enjeu fort pour permettre aux personnes âgées et aux personnes en situation de handicap de rester à leur domicile le plus longtemps possible et dans les meilleures conditions. Pour cela, chacune des parties prenantes doit assumer sa part : le conseil départemental le fait, en mobilisant des sommes importantes et notamment en y consacrant 43 millions d’euros dans son budget 2022, et en accompagnant les acteurs de terrain.

Pour autant, le Département estime que les agglomérations et les communautés de communes n’y arriveront pas sans le soutien de l’Etat. Beaucoup a été fait par elles et chacune y engage des moyens financiers conséquents. Il n’est pas acceptable que la dépense repose uniquement sur les départements et/ou les territoires qui n’ont pas les mêmes niveaux de ressources. Cela aurait pour conséquence de générer une inégalité intolérable entre les salariés à l’échelon national, selon que l’on vive et travaille dans un département riche ou pauvre.

Cette démarche impulsée par le Département de l’Aude est appuyée par différents SAAD publics du territoire audois. Les responsables des centres intercommunaux d’action sociale de la Haute Vallée (Francis Savy), de Leucate (Monique Ching), du Sud Minervois (Christian Lapalu), de Narbonne rural (Edouard Rocher), de Narbonne (Dr Courrèges), de Carcassonne (Régis Banquet), Piège Lauragais (André Viola), Castelnaudary (Philippe Greffier), et Limoux (Pierre Durand) se sont montrés solidaires de cette interpellation.