Une femme de parole

Jackie Montana
Jackie Montana, dynamique sexagénaire, est la fondatrice de l’association Parole de femmes Aude. Ce réseau d’aide au féminin a vocation à libérer la parole des femmes, sans tabou et dans la convivialité, sur des sujets aussi variés que la violence intrafamiliale, les changements professionnels, la famille, etc. Écoute et partage en sont les maîtres-mots. Son projet de création d’une Maison de la parole, à Fabrezan, fait partie des lauréats du budget participatif de l’Aude.

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Racontez-nous la naissance de Parole de femmes Aude...
L’association est née d’une expérience personnelle traumatisante vécue en tant que manager d’une société de vente directe. J’ai dû quitter mon emploi. J’ai alors mesuré l’importance
de libérer la parole, de mettre des mots sur des maux. J’avais tissé des liens avec beaucoup de
femmes dans mon activité, l’idée m’est donc venue de les réunir. Laurence Rigal, du domaine viticole du château du Grand Caumont, a tout de suite adhéré et nous nous sommes retrouvées 22 femmes, de tous horizons, dès la première réunion.

Quelle est la philosophie de Parole de femmes Aude ?
Notre association a été créée le 27 mars 2019 autour d’une philosophie de partage, d’écoute, de
bienveillance et d’entraide. Nous sommes un réseau de femmes solidaires issues de tous les horizons professionnels. Lors de nos différentes actions, nous aidons à libérer la parole et nous pensons que tout traumatisme peut être surmonté. Au fil du temps, la confiance s’est installée entre nous et la question des violences intrafamiliales a fait surface avec les témoignages de femmes qui en ont été victimes. Toutes restent convaincues que le silence doit être brisé et que la parole doit se libérer. Notre volonté est de remettre l’humain au cœur de l’action.

Que sera la Maison de la parole, lauréate du budget participatif de l’Aude l’an dernier ?
Nous voulons créer un lieu qui soit un sas de décompression pour pouvoir recueillir la parole
de femmes en souffrance. Les guider à devenir ou redevenir actrices de leur vie. Nous allons recevoir 30 000 € du Département, dans le cadre du budget participatif, pour créer cette Maison de la parole à Fabrezan. Nous espérons l’ouvrir en septembre prochain. Nous allons suivre des formations pour accueillir au mieux les publics en difficulté. Ce lieu sera ouvert aussi bien aux femmes qu’aux hommes et adolescent·e·s, victimes de violences ou pas. Notre rôle sera celui de l’écoute attentive et du partage des valeurs de Parole de femmes. Le 8 mars célèbre la journée internationale des droits des femmes.

Remettre l'humain au cœur de l'action

 

Quels sont les défis encore à relever ?
Nous devons être dans la société, comme nous le sommes au sein de l’association, le plus uni·e·s possible. Avec la Maison de la parole, nous travaillerons main dans la main avec d’autres
associations et institutions. Nous guiderons les personnes vers ces structures spécialisées,
au cas par cas. Plus largement, nous devons remettre en cause le modèle patriarcal mais il reste
encore de nombreuses barrières à faire tomber. Notre société vit un retour en arrière dans certains domaines. Quand nos droits et nos libertés sont en danger, il faut rester vigilant·e·s.

Pourquoi êtes-vous aussi attachée à l’Aude ?
L’Aude a pour moi l’odeur de l’enfance en terre de vignes et de garrigues. Dans ces hautes Corbières, mon père me contait l’épopée cathare. Plus tard, j’ai rencontré des personnes magnifiques qui ont l’Aude gravée dans leur coeur : des artistes, des créatrices, des auteures, des acteurs économiques, des vigneron·ne·s et des élu·e·s de la ruralité. J’aime aussi la diversité de nos paysages, un monde d’évasion salvateur. Vivre dans l’Aude est une vraie richesse, et cette richesse est avant tout humaine.

> Contact : parolesdefemmes@gmail.com