Des ânes au service de la biodiversité

Sébastien Solé
Sébastien Solé s’est lancé dans l’élevage d’ânes des Pyrénées. À l’Asinerie du Rivage, il les éduque pour la traction, l’attelage ou la selle. Il propose également toute une gamme de cosmétiques au lait d’ânesse et développe l’écopastoralisme, une activité qu’il pratique sur le site de Pradines, à Narbonne. En lien avec le Département de l’Aude pour la protection de la biodiversité.

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Comment êtes-vous devenu éleveur d’ânes ? 
Mes parents m’ont offert mon premier âne à l’âge de 14 ans. J’ai toujours aimé cet animal très affectueux. J’étais vigneron coopérateur auprès de la cave de Coursan. Un accident du travail m’a fait réfléchir à une autre activité. C’est à ce moment-là que j’ai acheté mes premiers ânes pour faire d’abord de l’écopastoralisme. En 2014, j’ai définitivement abandonné la viticulture pour développer l’Asinerie du Rivage à Coursan. 

Quelles sont vos activités ? 
J’ai un troupeau d’une trentaine d’ânes des Pyrénées, des Gascons, parfaits pour le portage, et des Catalans, plus grands, utilisés pour la traction et l’attelage. Cette race est menacée d’extinction avec seulement 95 naissances par an en France. Notre spécialité est l’éducation pour le travail. Nous sommes partenaires de l’école nationale des ânes maraîchers de Villeneuve-sur-Lot. Cette activité maraîchère se développe. L’âne travaille sans tasser les sols ou abîmer les plants. Et pour le producteur, c’est l’assurance de n’être jamais seul ! 
Vous avez développé l’écopastoralisme.

Nous sommes très sensibles au bien-être de nos animaux

Comment a été menée l’action sur le site de Pradines ?
L’écopastoralisme consiste à laisser pâturer les ânes pour entretenir des espaces naturels enherbés. Après la construction de la rocade Est de Narbonne, au titre des mesures compensatoires relatives à la protection de la biodiversité, le service des routes du Département m’a proposé un partenariat en permettant de faire pâturer mes ânes sur le site de Pradines, entre Névian et Marcorignan. L’objectif est d’éviter l’embroussaillement et ainsi de favoriser la biodiversité et le retour d’espèces comme les reptiles et certains oiseaux.  

Des riverains se sont inquiétés pour la santé des ânes ? 
Oui, certains ont été surpris de voir les ânes s’abriter du soleil au pied d’un petit frêne. Mais nous sommes très sensibles au bien-être de nos animaux. L’âne est originaire d’Afrique et s’acclimate parfaitement aux fortes températures. À l’asinerie aussi, malgré la présence d’abris, les ânes peuvent rester des heures au soleil sans problème. Sur le site de Pradines, ils sont heureux, ils peuvent profiter d’un bosquet sur les 13 hectares de terrain, se déplacer ou rester sur place et exprimer leur comportement naturel. Le Département va par ailleurs prochainement construire un abri supplémentaire pour eux. 

Vous produisez aussi des cosmétiques ? 
Nous travaillons avec un savonnier du Gard pour mettre au point les recettes et produire une gamme variée : laits de corps, crèmes, shampoings, savon de rasage, miel de douche, etc. Le lait d’ânesse est connu depuis des siècles pour ses bienfaits sur la peau. Il faut savoir que nous ne retirons pas l’ânon à sa mère pendant les trois premiers mois. Ensuite, du 3e au 10e mois, nous trayons les ânesses deux fois par jour pour obtenir entre 1,5 et 3,5 litres. L’ânesse produisant 7 à 8 litres quotidiennement, le reste est pour les petits, nourris aussi avec du foin bio. 

Avez-vous des projets ?
Nous proposons déjà des visites guidées gratuites à l’asinerie. Nous souhaitons créer un gîte et j’aimerais à l’avenir produire du lait d’ânesse alimentaire, connu pour ses propriétés antiinflammatoires. J’y travaille en tant que président national de France Âne Lait, l’association des producteurs de lait d’ânesse dont le siège est situé dans l’Aude.