Romain Fantaccino, athlète malvoyant âgé de 23 ans et membre du comité handisport de l’Aude, intervient dans les écoles et collèges afin de sensibiliser les jeunes au handicap. Il a découvert le tandem il y a cinq ans et entame une année de compétitions avec, pour objectif, une participation aux Jeux paralympiques de 2024.
Comment êtes-vous venu au tandem ?
Romain Fantaccino : L’histoire a débuté il y a cinq ans. J’ai rencontré Yves Voisin, un pilote tandem qui m’a proposé de découvrir ce sport. Il m’a dit que j’avais un potentiel et m’a fait rejoindre l’association Tous ex-æquo, dont je suis devenu le secrétaire, et le club de Limoux, où j’ai pu rouler en groupe. J’ai eu mon brevet longue distance Audax, j’ai gravi le pic de Nore, le col de Pailhères... Jeune, j’aurais aimé qu’on me propose du sport adapté.
C’est ce que vous faites aujourd’hui avec le comité handisport de l’Aude ? Oui, je suis chargé de communication et j’interviens dans les écoles et collèges pour présenter le handisport. Aujourd’hui, je suis malvoyant. Dès l’âge de 2 ans, je ne voyais pas bien et les médecins ont mis six ans à diagnostiquer mon problème. Le traitement a stoppé la maladie, mais elle avait déjà fait pas mal de ravages. Le sport était limité pour moi au collège. Or, pour un enfant en situation de handicap, le sport est synonyme d’inclusion et d’épanouissement de soi.
Votre objectif est de participer aux Jeux paralympiques de Paris en 2024 ? J’ai envie d’aller le plus loin possible. Plus je monterai haut, plus je serai visible et mieux je porterai ce message d’espoir pour les jeunes. J’ai commencé la compétition grâce à Timothée Quesada, mon collègue du comité, qui m’a inscrit à une épreuve de Coupe de France en 2019 à Angers. Avec mon pilote Laurent Delquié, nous avons fini 4e de la course en ligne et 3e du chrono, sans entraînement et avec un tandem de 24 kilos. Je me suis dit : « il y a quelque chose à tenter ! »
Quelle a été la principale difficulté ? Ça a été clairement de trouver un pilote prêt à se lancer dans une saison complète de compétitions. J’ai failli tout arrêter il y a quelques mois. J’ai lancé un dernier appel sur les réseaux sociaux. Yves Voisin, les bénévoles, les élus et le président du comité de cyclisme audois ont cherché aussi. J’ai reçu enfin un message: c’était Christophe Planas avec lequel je vais courir. C’est formidable! Il est super impliqué, règle le tandem et a étudié le calendrier des courses. Il a été champion de France espoir militaire en 1996 et a un excellent niveau.
Et la prochaine étape ? L’objectif en 2022 est de faire un maximum de compétitions, d’attirer des sponsors pour acquérir un nouveau tandem. Je vais tout faire pour me rapprocher du sommet. Il y a cinq ans, je ne connaissais même pas le sport adapté. J’ai envie de montrer que l’on peut toujours s’adapter et que l’on ne voit pas en moi qu’une personne handicapée. Aujourd’hui, pour moi, l’histoire est belle !