Un Limouxin entre dans la légende de la Barkley

Aurélien Sanchez
58 h 23’ 12’’, c’est le temps passé par le Limouxin Aurélien Sanchez dans l’enfer de la Barkley, un ultra-trail américain mythique, réputé le plus dur au monde. Le 17 mars, cet ingénieur en électronique, à la fois discret et modeste, est entré dans l’histoire de l’ultra-endurance en devenant le premier Français à gagner ce monument de course. Aucun participant n’avait fini l’épreuve en moins de 60 heures depuis 2017, l’année où il s’est fixé l’objectif d’y participer un jour.

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Avec du recul, comment regardez-vous votre immense exploit ?

Aurélien Sanchez : Je ne m’attendais pas à cet emballement médiatique. Je voulais faire la Barkley pour dépasser mes limites et me découvrir. Mon but est de m’amuser ! J’ai le sentiment du devoir accompli, d’avoir vécu mon rêve et j’ai aussi de la reconnaissance envers mes proches, particulièrement ma chérie Lucile, qui ont vu tout cela de l’intérieur.

Pouvez-vous nous présenter la Barkley ?

C’est d’abord une aventure humaine. C’est un ultra-trail qui se déroule aux États-Unis, dans le Tennessee, et fait 200 km de long pour 20 000 mètres de dénivelé positif. Les concurrents doivent réaliser cinq parcours de 40 km non balisés, en autosuffisance.

Comment avez-vous géré sur 58 heures l’alimentation et le sommeil ?

J’ai pris de la nourriture pour les 12 heures de chaque boucle. J’avais du fromage, des friandises chocolatées, un cheese-burger. Il faut des protéines pour l’endurance ! La première nuit, je n’ai pas dormi, soit 30 heures non-stop. Et avant la quatrième boucle, j’ai pu dormir profondément vingt minutes.

 L’arrivée, c’était l’aboutissement."

Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?

J’ai le plus lutté sur l’orientation. Je ne connaissais pas le parcours et je me suis perdu dans la deuxième boucle. J’ai tout le temps été dans le doute mais je me suis recentré sur moi-même. Au dernier tour, je n’ai pas trouvé le livre duquel je devais arracher une page, preuve de mon passage. Il n’y avait rien à l’endroit où il devait être caché. Un randonneur l’avait récupéré. Je savais que j’avais fait le parcours et, au final, Lazarus Lake, l’organisateur, l’a validé.

Comment est venue l’idée de faire la Barkley ?

J’ai toujours été sportif : je faisais du foot à Limoux, et quand je vivais aux États-Unis, de 2016 à 2019, mes randonnées étaient de plus en plus longues. En 2017, je me suis décidé à faire la Barkley. J’aimais cette idée de défi personnel et non face aux autres. Je m’y suis préparé avec Guillaume Calmette. J’ai enchaîné des ultra-trails. J’ai aussi traversé les Pyrénées en autonomie en 2020, en 12 jours et 5 heures.

Quelle image gardez-vous de la Barkley ?

L’arrivée, c’était l’aboutissement. Je quittais les bois et ce silence majestueux pour le brouhaha du final. Je pensais à mes proches. C’était un mélange d’émotions. J’ai replacé sur la barrière d’arrivée une coquille de noix que j’avais trouvée en 2018 quand je m’étais rendu sur ce parc de Frozen Head. Je m’étais promis de la rapporter, c’était mon porte-bonheur !