« Papy » fait de la résilience

Daniel Cavaillès
Daniel Cavaillès, dit « Papy », est une référence dans le monde de la spéléologie et du secourisme. À 76 ans, et malgré un grave accident en 2010, cet ancien commandant du Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux de l’Aude (Grimp 11), est toujours conseiller technique en spéléologie et actif au sein du Comité de l’Aude de spéléologie.

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Comment est née votre passion pour la spéléologie ?
Je me souviens, quand j’étais petit, je m’étais fait gronder par mes parents car j’étais rentré dans un terrier de renard avec une lampe de poche. Je suis descendu plusieurs fois dans des endroits où je n’aurais pas dû aller comme à l’aven de Missègre. Ce n’était pas simple alors de se rendre à Carcassonne au Spéléo Club de l’Aude avec lequel je n’ai fait que trois sorties. Au départ, j’étais plutôt montagnard comme mon père.


Qu’est-ce qui vous a attiré dans la spéléologie ?
Je crois que c’est le côté aventure ! J’aime l’aspect découverte de ces lieux et tout le côté imaginaire que renforçait à l’époque la littérature de l’écrivain Norbert Casteret. La spéléo m’a fait vivre des moments humains extraordinaires, le partage, comme le fil rouge organisé pour le Téléthon dans le Vaucluse. Ce jour-là, nous avons battu le record de profondeur d’un direct à la télévision. Grâce à la spéléo, j’ai voyagé et découvert de gros réseaux en France mais aussi en Espagne.

 

La spéléo m’a fait vivre des moments humains extraordinaires.

Malgré cet intérêt, vous n’y êtes pas venu immédiatement ?
Je voulais devenir enseignant mais pas aller vivre dans le Nord. J’ai postulé comme animateur départemental à Lézignan pour la MJC. J’ai rejoint le club de spéléo et passé mes diplômes de montagne et de ski. Puis dans les années 1980, j’ai créé un centre-école de pleine nature dans le Pays de Sault. Je trouvais que l’éducation populaire passait à côté de son rôle. J’ai beaucoup travaillé dans l’insertion sociale.


Vous avez été à l’origine de la création du Grimp de l’Aude. Comment cela s’est-il fait ?
Je suis devenu capitaine et chef du centre de secours de Belcaire avant de mettre en place dans les années 1990 le Groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux de l’Aude (Grimp 11). Quand j’ai vu les méthodes d’évacuation des personnes par rapport à mes connaissances du secours en montagne, on était à la Préhistoire. Les secouristes utilisaient encore des cordes en chanvre ! Le Grimp, ça a été la mise en œuvre des techniques de secours de montagne et spéléo pour tous types de situations, y compris en zone urbaine pour évacuer une personne dans un puits ou une cuve.


Vous avez connu un drame avec une chute de plus de 10 mètres ?
C’était à la Clape, en 2010. J’ai failli finir tétraplégique et je suis resté 26 jours en soins intensifs. J’ai été pris en charge de façon formidable par mes collègues et l’hélico. Aujourd’hui, je marche, c’est fabuleux ! J’avais beaucoup travaillé en handisport et cela m’a permis de voir comment des gens se battent pour exister. J’ai eu le soutien de mes anciens collègues. Mon ami « La Rouille » a passé une semaine à dormir dans sa voiture sur le parking du centre de rééducation de Cerbère pour être à mes côtés. Aujourd’hui, je reste actif comme trésorier du Comité départemental de spéléologie et je pratique un peu la spéléo et le ski, même si je ne sens presque pas ma jambe droite [rires].


Quelles activités conseilleriez-vous aux vacanciers cet été ?
La découverte de la spéléo est possible en contactant le Comité départemental pour connaître les adresses des professionnels. Il existe des safaris souterrains à faire dans la Haute-Vallée, au gouffre de Cabrespine ou à Puichéric. Il y a aussi de la rando tous niveaux et les sports d’eaux vives. L’activité de pleine nature est très riche ici car nous avons la chance d’avoir un département aux profils variés. Mais attention à adapter les activités à votre niveau physique. Il ne faut pas non plus faire de la spéléo tout seul et, surtout, ne jamais sous-estimer le risque !