Aménagement du territoire, Transition écologique, Lutte contre les incendies
Plan d'habitabilité pour les Corbières Après l'urgence, la concertation citoyenne
Après avoir lancé le plan départemental d’habitabilité pour les Corbières en septembre dernier, Hélène Sandragné, la présidente du conseil départemental de l’Aude, a réuni la presse, ce mercredi 3 décembre, à Carcassonne, pour un point d’étape. L’occasion de faire un état des lieux des mesures déjà mises en place et des deux temps forts à venir : le lancement d’une concertation citoyenne et l’évacuation des bois brûlés.
Publié le
Repenser l'avenir des Corbières ensemble
Près de trois mois après le lancement du plan départemental d’habitabilité pour les Corbières, les actions d’urgence laissent la place à la réflexion collective. Soutien agricole, environnement, défense de la forêt contre les incendies, gestion de l’eau, tourisme et aides aux communes, les mesures décidées en septembre, en concertation avec la région Occitanie après l’incendie majeur des Corbières cet été, couvrent de nombreux domaines clés et complémentaires qu'il faut maintenant repenser.
"C’est notre devoir. Dire en toute transparence où nous en sommes et ce que nous allons faire." Accompagnée par les élus du conseil départemental concernés (lire encadré), Hélène Sandragné, la présidente du Département de l’Aude, a ainsi dressé devant la presse, ce mercredi 3 décembre, à l’hôtel du Département de Carcassonne, un état des lieux des actions déjà réalisées ou en cours. Et présenté les prochaines perspectives.
Sécurisation des bords de piste et des cours d'eau, analyses... Les premières mesures d’urgence réalisées
Dans un premier temps, l’Office national des forêts (ONF) a procédé à la sécurisation des bords de pistes au sein des 16 communes touchées par le méga feu. Au niveau des routes départementales, les glissières de sécurité ont été renouvelées sur la RD 212 entre Ribaute et Lagrasse. Les services du Département ont aussi enlevé des chutes de cailloux présentant un risque sur la RD 123. Sans oublier les cours d’eau, qui ont été sécurisés par le Syndicat mixte des milieux aquatiques et des rivières (SMMAR) sur le bassin versant de la Berre et celui de l’Orbieu. Concernant le soutien agricole, une aide financière d’urgence a déjà été affectée à l’analyse des goûts de fumée des raisins.
Écoutes territoriales : appel à volontaires
Après ces premières actions d’urgence, une nouvelle phase s’engage : l’écoute de la population. Intitulé "Habiter, travailler, agir ensemble… pour renaître", le projet d’écoutes territoriales, débute à partir de la semaine prochaine sous la forme d’une concertation citoyenne proposée par le réseau de l’Union nationale des acteurs du développement local (UNADEL).
"Il faut voir ensemble comment on renaît de cette tragédie, pour que ce territoire de vie reste un territoire d’envie, a développé Valérie Dumontet. L’idée est de faire remonter la parole, de prendre le temps d’écouter les habitants pour être force de proposition pour la suite." Une méthode qui associe habitants, élus, acteurs et usagers du territoire afin d’identifier les lignes de force qui les rassemblent et la co-construction de solutions.
Ces entretiens individuels, collectifs, ou sous la forme de "café citoyen" se dérouleront les 11, 12, 13 décembre et les 5 et 6 janvier, pour une restitution prévue fin février. Ces rencontres visent à recueillir un avis représentatif de la population en prenant en compte des habitants de différentes catégories socio-professionnelles et de tranches d’âge variées. Les thèmes déjà ciblés sont les transitions, autant écologique que sociale, l’habitat, l’emploi et l’action collective.
Toute personne souhaitant participer est invitée à se rendre en mairie ou appeler le 06 78 12 43 77 ou le 06 78 42 13 81.
La Déclaration d’intérêt général d’urgence (DIGU)
Afin de procéder au traitement des bois brûlés présents sur un vaste territoire morcelé entre propriétés publiques et privés, le dispositif de Déclaration d’intérêt général d’urgence est mis œuvre par décision de la Préfecture pour déléguer cette maîtrise d’ouvrage au Département. Cette opération, soutenue par l’association régionale des communes forestières, a pour objectif d’éviter de nouveaux feux de forêts et de protéger le reste du massif forestier.
"Nous serons en capacité d’engager les travaux à l’automne 2026. Des travaux d’abattage du bois brûlé avec transformation ou maintien sur place afin de faire disparaître visuellement les stigmates de l’incendie qui ravivent le traumatisme de la catastrophe pour les riverains", a exposé Hervé Baro. Concernant la Défense de la forêt contre les incendies (DFCI), une réunion se tiendra le 9 décembre avec la préfecture de l’Aude, afin de lancer le copilotage de ce dispositif avec l’État.
Les prochains axes du plan : soutien agricole, expérimentation de nouvelles cultures
En matière de soutien agricole, le Département prévoit :
la résorption des friches
l’aide aux coopératives d’utilisation du matériel agricole (CUMA)
le pass "petits investissements dans les exploitations agricoles" avec l’aide de la Région
l’investissement dans les espaces pastoraux collectifs
Pour la partie environnementale, le plan comprend l’expérimentation de plantations d’essences forestières adaptées aux changements climatiques (chaleur et stress hydrique) avec l’appui de la pépinière départementale. Ainsi, au domaine de la Mugue, une propriété du Département située entre Durban et Fontjoncouse, des pistachiers d’Amérique, des caroubiers et des chênes du Mexique et de Californie vont être plantés à titre expérimental. Le plan prévoit aussi la préservation du foncier agricole ou encore la replantation d’arbres sur le linéaire départemental.
La gestion de l’eau, autre grand axe de réflexion, fait l’objet d’une étude menée en collaboration avec la Chambre d’agriculture de l’Aude, Coop de France et le Service départemental d’incendie et de secours sur la question du stockage de l’eau brute, afin de ne pas avoir à puiser dans l’eau potable. La sécurisation de l’alimentation en eau potable sur ce secteur est actuellement renforcée par les services du syndicat mixte Réseau 11.
Une campagne touristique au printemps 2026
Parce que l’intérêt touristique est un enjeu pour ce territoire meurtri, une première campagne de communication "(Re)venir, c’est soutenir" avait été diffusée cet été par l’Agence de développement touristique. C’est ensuite la campagne du Département "La Force de renaître", lancée en septembre concomitamment au lancement du plan pour les Corbières, qui a été affichée sur l’ensemble du territoire. Un message porteur, récompensé du Prix de l’Innovation aux Assises des Départements de France à Albi, le 13 novembre dernier.
Etaient présents aux côtés d'Hélène Sandragné : Hervé Baro, vice-président en charge des solidarités territoriales et élu du canton des Corbières, Kattalin Fortuné, également conseillère du canton, Alain Giniès, vice-président en charge de l’agriculture et du tourisme, Francis Morlon, vice-président délégué à la transition écologique et Valérie Dumontet, vice-présidente en charge de la démocratie participative et de la jeunesse.