Biodiversité, Nature, Environnement, Espaces naturels sensibles

Le chabot commun, poisson rare et discret, indicateur de la qualité des cours d’eau

Mobilisation d'une trentaine de salariés de la Fédération de l'Aude pour la pêche et la protection des milieux aquatiques et de bénévoles pour mener un inventaire piscicole à la recherche du Chabot commun.
Mobilisation d'une trentaine de salariés de la Fédération de l'Aude pour la pêche et la protection des milieux aquatiques et de bénévoles pour mener un inventaire piscicole à la recherche du Chabot commun. © Fédération de l'Aude pour la pêche et la protection des milieux aquatiques.

Le chabot commun (Cotus gobbio) est un petit poisson (10 cm au maximum dans notre département) facilement identifiable avec sa silhouette singulière en forme de massue s’épaississant vers l’avant du corps. Cette espèce est  reconnue d’intérêt communautaire au titre de la directive  Européenne Habitat. A l’échelle nationale, ses zones de frayères bénéficient d’une protection visant interdiction de dégradation ou de destruction.

Le Chabot affectionne les cours d’eau frais et peu profonds où il croisera truites et autres barbeaux. Afin de mieux le connaître et donc de protéger son habitat se trouvant en Haute vallée de l'Aude, la Fédération départementale de la pêche et des milieux aquatiques (FDPPMA) a décidé de mener une étude approfondie sur deux ans. Et ce, avec le soutien financier du Département au travers de sa politique ENS et de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse, dans le cadre des appels à projets en faveur de la biodiversité.

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Caché dans les anfractuosités des lits caillouteux de rivière…

En l’absence de vessie natatoire, le Chabot ne dispose que d’une faible capacité de nage. Il reste sur le fond caillouteux des rivières et n'apprécie pas les courants violents. Sa coloration lui permet de se fondre au "creux" des rivières pourvues de lits en bon état.

Le Chabot, présent dans la plupart des pays d’Europe, est une espèce carnivore aux mœurs nocturnes pratiquant une chasse à l’affût d’un large panel d’invertébrés benthiques (crustacés, vers, larves d’insectes); De façon opportune et occasionnelle, il peut se suffire d’œufs et de juvéniles autres poissons. Sa bouche large et protractile lui permet de chasser en aspirant les proies passant à portée !

Ce poisson ne se reproduit qu’une fois dans l’année entre les mois de mars et juin.

Une étude aux nombreux résultats

Les équipes de la Fédération départementale de pêche ainsi que leurs partenaires comme la Fédération Aude Claire et l’antenne CNRS de Moulis ont déployé, en 2021 et 2022, divers moyens et techniques : analyse de l'ADN environnemental, pêche électrique avec inventaire piscicole complet, cartographie de pôles d’attraction, etc.

Il est en ressorti plusieurs constatations :

  • Les chabots ne présentent que de faibles à très faibles abondances sur l’ensemble de l’aire en dépit de conditions d'habitat parfois très favorables. Par ailleurs, un foyer central de présence continue se distingue au niveau de l’axe de l’Aude sur un tronçon s’étirant de la confluence avec le Saint Bertrand à Quillan et les Gorges de Saint Georges sur 17 km. En périphérie de ce secteur, et notamment sur le Rebenty voire l'Aiguette, la présence du chabot apparaît comme sporadique et selon des densités très faibles.
  • Les menaces sur ces populations ont pu être précisées : les barrages peuvent poser plusieurs problèmes, par le colmatage des fonds caillouteux au moyen de sédiments fins et l'impossibilité de franchir les seuils.
  • Par ailleurs, le type d'éclusées provenant de lacs en amont sur le fleuve Aude apporte un courant fort et un réchauffement des eaux préjudiciables à cette espèce.

Evidemment, toute pollution de l'eau réduira la disponibilité en proies, tout comme elle portera atteinte directement à l'espèce en elle-même.

La Fédération Départementale de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique (FDPPMA), lors d'une réunion de restitution début 2023,  a donc formulé quelques recommandations par secteur tant sur la gestion des éclusées, sur l'élimination des seuils sans usage ou l'amélioration du franchissement piscicole, que le retour à un lit de rivière "plus naturel", et donc apte à convenir à cette espèce.

Cette étude a également permis d'affiner de façon importante la connaissance des rivières étudiées par les investigations concernant ce poisson. Il ressort que la baisse générale des débits notamment due au changement climatique va poser de considérables problèmes à la faune aquatique, quelle que soit son espèce. Économiser l'eau devient de plus en plus nécessaire, tant pour des raisons propres aux besoins de nos sociétés que de respect du bon état de nos milieux naturels.