Une jeune samouraï en bleu blanc rouge

Estelle Gaspard
Estelle Gaspard, 18 ans, licenciée à Carcassonne olympique, a été sacrée championne de France senior de ju-jitsu fin mars. Entretien avec un phénomène.

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Vous êtes junior et déjà championne de France senior de ju-jitsu. Comment avez-vous pu réaliser un tel exploit ?
J’ai remporté le titre mondial en catégorie cadette en mars 2017, à Athènes. Après ce titre, j’ai voulu participer au championnat de France à Mont-de-Marsan, fin mars 2018, pour jauger mon niveau en senior. C’était un peu l'inconnu… Et là, j'ai battu Margaux Poyard, la numéro un française en moins de 55 kg, en demi-finale. J’avais beaucoup de pression car c’était une première pour moi face à des seniors, mais je voulais voir ce que je valais. 

Vous pensiez quand même pouvoir décrocher le titre ?
Honnêtement, je me disais que le podium était à ma portée. J’ai dû gérer le stress en demi-finale face à Margaux qui était la favorite. Je l’ai battue au bout de trente secondes, après avoir placé trois ippons. Ensuite, pour la finale, je me suis dit que rien ne pouvait m’arrêter. J’étais en confiance.

J'aime l'esprit de Fair-Play du Ju-jistu

Comment êtes-vous venue au ju-jitsu ? 
J’ai commencé le judo à 4 ans avec ma sœur, Caroline, au Budo club de Carcassonne, initiée par Richard Pavia [le père d’Automne Pavia, médaillée de bronze aux JO de Londres en 2012, NDLR]. Puis, comme je vis à Cuxac-Cabardès, je me suis entraînée pendant un an avec Claudie Delmas à Saissac. J'ai ensuite suivi mon prof de gym au collège, Cyril Juffroy, au Carcassonne olympique. Je faisais du judo et il m’a appris le ju-jitsu. Il a été champion du monde en 2002. J’ai gagné mon premier Open à Marseille en 2016 et j’ai enchainé mon premier stage de détection à l'Insep en mai. Aujourd’hui, je suis en Staps à Toulouse. J’essaye de revenir les mercredis et jeudis pour m'entraîner.

Votre père Gilles est votre premier supporter ?
C’est lui qui m'a fait commencer le judo. Il représente pour moi un modèle de persévérance dans la vie. Ancien footballeur, il a connu l’élite avec les cadets du FC Metz. C’est un vrai bonheur de partager tout cela avec mes parents, ma sœur et mon jeune frère Alan, qui est déjà vice-champion départemental de judo à 10 ans. C’est un lien fort qu’on ne pourra jamais nous enlever.

Le haut niveau, ce sont quand même de gros sacrifices ?
Il n’y a pas vraiment de sacrifices à faire si ce n'est de surveiller son poids pour les compétitions. Je suis en moins de 55 kg. Je fais tout ça pour m’amuser et je prends beaucoup de plaisir. Le ju-jitsu, qui allie les techniques du karaté et du judo, a été développé par les samouraïs. Et j’aime l’esprit de fair-play de ce sport. 

Quels sont vos futurs objectifs ?
J’espère participer au championnat d'Europe junior en octobre en Italie. J’aimerais aussi que le ju-jitsu devienne discipline olympique pour participer un jour aux JO. Pourquoi pas à Paris en 2024 ?