Les fruits de la passion

Paul Coeffard
Paul Coeffard, producteur de pommes à Gueytes-et-Labastide, est président d'Atout Fruit, une association qui agit pour la sauvegarde d'anciennes variétés de fruits. Depuis un an, le Département a fait appel à ses services pour valoriser et implanter des arbres fruitiers sur la voie verte, entre Bram et Lavelanet.

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audeMAG : Pouvez-vous nous présenter votre association Atout Fruit ?
Paul Coeffard : Notre association, créée par Jean-Marc Lasserre et Claude Fressonnet, agit pour maintenir et développer les variétés fruitières du territoire de la vallée de l'Hers. L’objectif d’Atout Fruit est simple : protéger le patrimoine fruitier de notre territoire. C’est le cas sur la voie verte, entre Bram et Lavelanet, où des arbres sont parfois laissés à l'abandon depuis plus de 40 ans et qui pourtant continuent à produire. Notre travail consiste à répéter des gestes oubliés : restaurer, replanter et valoriser. Nous enseignons aux amateurs les techniques de greffes et nous sensibilisons aussi les jeunes des écoles.

Comment s'est effectuée votre intervention sur la Voie verte ?
Nous souhaitions agir sur le domaine public et pas uniquement chez des particuliers. Nous avons donc contacté le Département de l'Aude qui nous a proposé d'intervenir sur les 80 km de la voie verte, en restaurant des arbres plantés à proximité de l’ancienne ligne de chemin de fer et en replantant des variétés anciennes. Solène Callarec, une ingénieure agronome de l'association, a effectué le recensement des variétés : elle a comptabilisé 14 000 arbres, englobant une vingtaine d'espèces dont quinze fruitières. Nous avons débuté les plantations en 2017 et nous poursuivons ce travail en 2018.

Notre travail consiste à répéter des gestes oubliés

Vous avez aussi le projet de créer un Conservatoire des espèces fruitières ?
Oui, le Conservatoire doit nous aider à protéger et développer ce patrimoine qui contribue à la richesse de nos paysages. Son maintien est déterminant pour le bon fonctionnement écologique, notamment pour la conservation de la biodiversité et la protection des sols. Les conservatoires sont souvent limités à un ou deux hectares. Celui-ci sera linéaire, le long des 80 km de la Voie verte. À terme, notre souhait est de proposer des arbres à la vente à partir de greffes prélevées sur la Voie verte et multipliées par des pépiniéristes. Nous nous donnons trois ans pour y arriver.

Pourquoi vous impliquez-vous autant dans ce projet ?
J'ai vécu toute mon enfance au milieu des pommiers. Et c'est devenu rapidement une passion. Le pommier a toujours été lié à la vie de l'Homme. On se transmet des variétés, de génération en génération. Aujourd'hui, cette transmission est en danger car on a délaissé les arbres. Nous avons donc une vraie responsabilité. C'est aussi une question d'écologie.

Votre attachement à ces arbres, c'est aussi l'amour d'un territoire ?
Ça me fait penser à la chanson de Brassens, Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part… Mais c'est vrai que chaque fois que je quitte ce territoire, et que j'y reviens, je me dis que c'est trop beau. Nous vivons entourés de paysages incroyables et variés avec des forêts, la mer, les plaines... Nous sommes vraiment chanceux ! 


BIOGRAPHIE DE PAUL COEFFARD
1962. Paul Coeffard naît à Lavelanet, dans l’Ariège, et grandit à Gueytes-Labastide sur l'exploitation de pommiers de ses parents.
1980. Il décroche son Bac pro au lycée Charlemagne, puis obtient un BTS « Protection des cultures ».
1992. À 30 ans, il passe un BTS « Cultures protégées ».
1992 à 1997. Il devient technicien territorial pour la commune de Chalabre.
1997. À la retraite de son père Robert, il reprend le verger qu'il exploite avec Christine et ses enfants, Sébastien et Audrey.
2013. Il devient président d'Atout Fruit.