Le jour où "la foudre" a frappé à Tokyo

Jo Gonzales
Jo Gonzales, 81 ans, est un médaillé olympique audois. Le 23 octobre 1964, ce fils d’ouvrier agricole espagnol obtient la médaille d’argent après sa défaite en finale des super-welters face au Russe Boris Lagutin. Un trophée qui marque à jamais la vie de ce puncheur, surnommé "Jo, la foudre". À un an des J.O. de Paris, il se remémore son exploit, l’embrassade de Dalida, les félicitations du général de Gaulle et le retour triomphal, chez lui, en terre narbonnaise.

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AudeMAG Cette médaille d’argent aux JO de Tokyo a marqué votre vie. Que représente-t-elle encore aujourd’hui ?

Jo Gonzales : Pour moi, cette médaille c’est tout ! Elle est synonyme d’émotions, comme sur le podium où mon cœur battait à cent à l’heure ! Je suis encore fier aujourd’hui de l’avoir ramenée. C’est aussi plein de souvenirs. Nous étions tous ensemble au village olympique avec les athlètes du monde entier. Je me rappelle aussi qu’à ma descente du ring, la chanteuse Dalida a été la première à m’embrasser.

 Cette médaille a fait vibrer le cœur de Narbonne !"

Comment s’est passé le retour en France et chez vous à Narbonne ?

Nous avons été reçus avec tous les athlètes à l’Élysée par le général de Gaulle qui m’a décoré de l’Ordre national du mérite. J’étais très fier d’avoir pu échanger avec un homme comme le général. Quand je suis arrivé à la gare de Narbonne, la foule m’attendait avec la municipalité. Les journalistes avaient imprimé des prospectus qu’ils jetaient à la foule sur notre passage. J’ai fait le tour des écoles pour montrer ma médaille. Cette médaille a fait vibrer le cœur de Narbonne !

Qu’est-ce que cette médaille a changé ?

Elle a tout changé. Après les J.O., je suis passé professionnel. Mais je dirais que c’est la boxe qui a tout changé. Elle m’a tout donné. L’école, ce n’était pas pour moi et j’étais plutôt bagarreur. La boxe m’a mis sur le droit chemin.

L’an prochain, les J.O. ont lieu à Paris. Vous allez suivre les épreuves ?

Les Jeux olympiques, c’est le summum pour un sportif, le Graal. Il n’y a pas plus haut, plus fort en émotion. Je vais suivre ces Jeux comme je le fais tous les quatre ans à la télévision. Je dois dire que je suis fier qu’ils aient lieu chez nous, en France.

Quels sont les athlètes qui vous ont marqué ?

J’ai toujours gardé contact avec Michel Jazy. C’est un ami avec qui je m’entraînais quand nous étions à l’Institut national des sports. Nous faisions notre footing ensemble tous les matins à 7h. Chez les boxeurs, j'aimais beaucoup Ray Sugar Robinson, Cassius Clay et Frasier, de grands champions.

Votre médaille a été dérobée, mais l’histoire se finit bien ? Oui, on me l’a volée en 1970 dans mon restaurant. Ma femme Jeanine s’est battue pour qu’on puisse en obtenir une autre et, grâce à des soutiens, elle a réussi. Il existait un modèle au Musée olympique de Lausanne. Ils ont fabriqué une réplique que j’ai récupérée en 2015. 

Que représente Narbonne pour vous ?

C’est ma ville. Pendant ma carrière professionnelle, nous avons vécu dix ans à Paris, mais nous voulions revenir, ce que nous avons fait en 1971 après mon dernier combat en finale du championnat de France. J’ai grandi à Narbonne, c’est au Boxing Club Narbonnais où je suis entré à 17 ans que tout a commencé. Et c’est à Narbonne que nous avons tenu avec ma femme notre restaurant et notre cabaret, l’Olympe.

Un message à passer à vos petits-enfants et aux jeunes Audois ?

Je dirais que dans la vie, il faut toujours y croire même dans les moments difficiles. Il faut avoir beaucoup de ténacité, comme en sport, s’accrocher, croire en soi et en ce qu’on veut faire.

BIOGRAPHIE JO GONZALES
1941. Naissance à Narbonne, le 6 août.
1958. Remarqué dans la rue, il intègre le Boxing Club Narbonnais.
1961. Il décroche le premier de ses trois titres de champion de France en super-welters. En amateur, il dispute 76 combats et compte 72 victoires, dont 64 avant la limite.
1965. Un an après sa médaille d’argent au JO de Tokyo, il passe professionnel, dispute 52 combats et raccroche les gants en avril 1971.
1968. Il ouvre son restaurant Chez Jo à Narbonne, qu’il dirige jusqu’en 2004.
2022. Il est aujourd’hui père de trois enfants, compte quatre petits-enfants et un arrière-petit-fils.