Itinéraire d'un coach de coeur

Jean-François Beltran
À 75 ans, Jean-François Beltran, entraîneur de rugby depuis 52 ans, a tutoyé les sommets du Top 14 et vécu des expériences tout aussi riches en séries inférieures. Cet éternel insatisfait, aussi travailleur que modeste, partage sa passion avec le même bonheur auprès des juniors de l’Association Ouveillan-Cuxac-Sallèles (AOCS).

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Vous entraînez toujours à 75 ans. Quelle est votre motivation ?
J’aime apporter mon expérience aux autres, amener les joueurs à donner le meilleur d’eux-mêmes. Je crois beaucoup aux rencontres et j’ai eu la chance de croiser beaucoup de monde. Je suis revenu chez moi à Cuxac-d’Aude où je suis né, où jouait mon père, où mes enfants sont éducateurs et où jouent mes trois petits-enfants, pour continuer à partager aujourd’hui avec des juniors. J’essaie d’y mettre la même passion.

Quel est le secret de cette longévité ?
Je marche beaucoup. Je vis à 200 m du stade, alors tous les jours je fais 1h30 de sport, je monte les escaliers des tribunes et je fais des exercices. Quand je me lève, je dis merci, même si je ne sais pas à qui (sic). J’ai eu aussi la chance d’avoir ma femme Aline. Pour entraîner, il ne faut pas avoir d’autres préoccupations et elle m’a permis de me consacrer à mon sport.

Vous avez entraîné à différents niveaux, souvent sur des périodes courtes. Quelle est votre méthode ?
Je dirai faire confiance au groupe que l’on coache et se remettre en question tout le temps. Je rajouterai, être un rassembleur, positif et donner des encouragements. Il faut dédramatiser les choses. Les vrais drames, pour les voir, il suffit d’allumer BFM TV. Depuis 25 ans, j’encadre les stages « Le plaisir du mouvement » de Villepreux à Lubersac. J’échange beaucoup avec les éducateurs, cela permet de fertiliser les connaissances. C’est la routine qui tue !

Quel souvenir reste gravé dans votre mémoire ?
Il y en a beaucoup. Je citerai les deux titres de champion de France avec Cuxac-Ouveillan en 1985 et l’Entente de l’AOCS en 2019 à mon retour. Et ceux avec l’équipe des Impôts de l’Aude. Les deux challenges Du Manoir avec Narbonne notamment face au Bègles de Laporte, Moscato et Simon. Il y a aussi la demi-finale européenne à Béziers perdue face au Munster. Je garde aussi dans mon cœur le passage à Bayonne. Les Basques ont un vrai sens de la fête. C’est un hymne à la vie.

Quel message auriez-vous à passer aux jeunes générations ?
Il faut toujours travailler et ne pas brûler les étapes. Beaucoup de joueurs aujourd’hui veulent poursuivre comme entraîneur. Il y a beaucoup de concurrence avec l’arrivée de nombreux coachs étrangers dans le Top 14. C’est vrai que c’est valorisant d’entraîner. Mais je conseillerai d’acheter un camping-car plutôt qu’un appartement en bord de mer : dans ce métier, on voyage pas mal !