L'éducation à l'image pour tous

Fabrice Caparros
Fabrice Caparros est le directeur de l’association Ciném’Aude. Depuis bientôt 30 ans, les 14 salariés de la structure œuvrent pour donner accès au 7e art à toutes les générations, qu’elles soient en milieu urbain ou rural dans le département.

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Quelle est l’ambition de l’association Ciném’Aude ?
Fabrice Caparros.
Nous sommes une association d’utilité publique et d’éducation populaire qui a pour ambition de porter le cinéma partout en territoire rural, au plus proche de la population audoise, et de véhiculer un travail pour rendre les esprits libres, critiques et ouverts aux autres. Avec notre programmation, nous souhaitons faire découvrir de nouvelles cultures au sens noble du terme. Le dispositif national Collège au cinéma est né il y a 26 ans. 

En quoi consiste-t-il ?
F. C. Nous participons à l’éducation à l’image de la maternelle au lycée. Et le collège est une période charnière pour cet apprentissage. Avec Collège au cinéma, le but est de donner aux élèves une véritable éducation artistique dans le domaine du cinéma par l’exploration des œuvres et des créations. 

Quels sont les moyens mis en œuvre pour atteindre cet objectif ? 
F. C. Cela passe par le visionnage des films salle, par des rencontres avec des professionnels, par la découverte des métiers du cinéma et de l’audiovisuel (metteur en scène, opérateur, etc.), mais également par un travail pédagogique conduit par les enseignants et les partenaires culturels à partir de documents réalisés spécialement pour eux. La finalité est aussi de former le goût et de susciter la curiosité des élèves pour leur donner envie de fréquenter les salles de cinéma. Nous accompagnons ce futur public qui aura, nous l’espérons, une appétence pour un cinéma un peu plus hétéroclite.

Le 7e art, c'est le coeur de notre société qui bat

Comment les collégiens accueillent-ils ce dispositif ? 
F. C. Cela dépend beaucoup de la programmation. C’est très bien reçu par les élèves et par les enseignants du moment qu’ils sont formés. Cette année, il y avait plus de 60 enseignants sur le stage de deux jours qui s’est déroulé à Pépieux. Nous sommes là pour lever les craintes des professeurs, leur donner des outils et des pistes pédagogiques afin de préparer leurs classes aux œuvres. Par exemple, nous diffusons Nosferatu, premier film de vampire muet de 1923 auquel, sur la forme, les élèves ne sont pas habitués. Passé ce cap de la surprise et des préjugés, le travail réalisé en amont leur permet de remettre l’œuvre dans un contexte. 

Quels sont vos secrets pour captiver les élèves ? 
F. C. Nous leur expliquons tout, comme le début des effets spéciaux ou les maquillages de l’époque, mais ce qui compte, c’est l’histoire. Au fil de l’année, nous abordons des œuvres plus compliquées comme Billy Elliot ou encore The Fits. Nous essayons de coller le plus possible à l’actualité, de trouver des sujets qui vont les toucher et être en résonnance avec le travail des enseignants. 

Que peut apporter le 7e Art à cet âge-là ? 
F. C. Le 7e art, c’est le cœur de notre société qui bat. Nous pouvons aborder tous les sujets à travers le cinéma, rendre l’esprit des élèves plus tolérant, les amener à aller vers l’autre, à avoir moins de préjugés sur la culture. 

Quelles sont les conditions de participation pour les collèges ?
F. C. Participer à l’ensemble du dispositif, c’est aller voir l’intégralité du cycle proposé aux élèves sur l’année scolaire, c’est-à-dire trois films par an pour les 6e, 5e, 4e et 3e. La place de cinéma étant à 2,50 €, l’établissement scolaire finance 1,25 € par élève, le Département prend en charge également 1,25 € et la partie la plus coûteuse, le transport des élèves. La participation du Département est forte puisqu’il finance aussi à 50% les ateliers et les interventions en classe, l’autre moitié étant assurée par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Chaque année, plus de 3500 élèves sont concernés par ce dispositif qui touche au total 22 collèges du département.

BIO EXPRESS
1974. Naissance à Toulouse. Sa mère est originaire de Lézignan-Corbières, son père de Limoux. 
1982. Création de l’association Ciném’Aude par Pierre Tournier, président de la fédération départementale Léo Lagrange. 
1996. Fabrice termine sa licence en histoire de l’art, option cinéma, et devient opérateur projectionniste pour Ciném’Aude à Narbonne. 
2001. Agent d’accueil gestionnaire de la salle de cinéma de Lézignan-Corbières. 
2013. Fabrice devient directeur de Ciném’Aude après le départ à la retraite de Gérard Barthez 

Pour en savoir plus : www.cinemaude.org