Biodiversité, Zones humides, Faune, Environnement

Restauration de quatre mares chez une éleveuse de la Montagne noire

Depuis 2021, la Chambre d’agriculture de l’Aude et le Groupement de développement agricole (GDA) de la Montagne noire mènent, en partenariat avec l’association naturaliste Ecodiv, le programme "Mise en valeur et gestion durable des zones humides de la Montagne noire audoise" (ZHMN).  Objectif : sensibiliser les éleveurs aux enjeux écologiques des zones humides présentes sur leurs exploitations, jusqu’à les aider à les restaurer voire dans certains cas à les remettre en pâture en choisissant une gestion adaptée, validée par les analyses croisées agricoles-pastorales et écologiques. Un chantier s'est déroulé cet été sur des zones humides particulières et bien présentes chez les éleveurs de la Montagne noire.

Publié le

Une succession de quatre mares sur le même ruisseau

Une des premières éleveuses engagée dans la démarche, Magali Cendral basée sur Villemagne, a reçu les naturalistes d’Ecodiv et le technicien pastoral de la Chambre d’agriculture de l'Aude pour établir un diagnostic de l’état de ses zones humides. Parmi celles-ci figurent quatre mares en chapelet qui ont été jugées fortement envahies par la végétation et tendant à se combler.

Un habitat pour cinq espèces protégées

En terme d’enjeux sur la biodiversité, il est à signaler qu’un cortège d’amphibiens comprenant cinq espèces protégées nationalement a également été inventorié sur l’exploitation : Rainette méridionale (Hyla meridionalis), Grenouille rieuse (Pelophylax ridibundus), Triton palmé (Lissotriton helveticus), Salamandre tachetée (Salamandra salamandra) et Crapaud épineux (Bufo spinosus). Pour les préserver, il s'avère nécessaire de procéder à un curage adapté de ces mares, milieu naturel indispensable à leur reproduction.

Les travaux de curage réalisés au cœur du mois d’août

Afin de revaloriser ce patrimoine qui permettra une meilleure expression de la biodiversité déjà riche et afin d’apporter de nouveaux points d’abreuvement pour le bétail, Magali Cendral a sollicité le Département de l’Aude. Lequel, dans le cadre de sa stratégie départementale pour la biodiversité, a pu lui octroyer une subvention afin de l’aider à restaurer ses mares.

Les travaux envisagés ne peuvent se dérouler qu'en fin d’été ou à l’automne, en période d'étiage et de moindre impact sur les espèces de la faune et de la flore locale. 

La subvention ayant été votée en 2022 (aide de 80%), le chantier s'est déroulé les 12 et 13 août derniers. Les opérations ont été conduites par Jean Muratet d’ECODIV qui, muni d’une pelle mécanique adéquate, a prélevé dans ces mares  les diverses matières accumulées au fil de nombreuses années.

La reconquête des mares par la faune et la flore

Les "boues" extraites ont été laissées quelques jours à proximité afin d’assurer un ressuyage et de laisser la faune (surtout des insectes) éventuellement présente s’échapper. Elles ont ensuite été étalées dans les prairies par l’éleveuse.

Paradoxalement, l’année 2023 par rapport à l’année 2022 a connu une fin de printemps pluvieuse dont les conséquences se sont retrouvées dans ces travaux avec des boues plus "humides" que les autres années. Cela n’a pas empêché ECODIV de terminer les travaux. La plus grande des mares a été évaluée à 250 m² de surface. Mises bout à bout, elles sont autant de petites réserves d'eau bien utiles en période d'étiage.

Il restera au printemps prochain à surveiller la reconquête de ces mares par une faune et une flore adaptées à ce milieu naturel spécifique.