Carcassonne et ses forteresses royales du Languedoc en lice pour l’Unesco

L’Unesco pour nos Forteresses royales du Languedoc ! Depuis 2011, le Département porte et soutient le projet d’inscription du système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Une candidature de haute volée qui rassemble la Cité de Carcassonne et les Forteresses royales haut perchées d’Aguilar, Lastours, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus et Termes.

L’Unesco en bref

Créée en 1945, l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) encourage la protection, la mise en valeur et la transmission aux générations futures de biens culturels et naturels d’une valeur exceptionnelle. La liste du patrimoine mondial rassemble à ce jour 1 092 biens répartis sur 167 états, dont 44 en France.

Une candidature de haute volée

Perchés sur des pics rocheux vertigineux, surveillant l’horizon jusqu’à la Méditerranée, Aguilar, Lastours, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus et Termes forment autour de Carcassonne un ensemble défensif longtemps réputé imprenable. Restructurés dans la seconde moitié du 13e siècle, sur des sites occupés au préalable par des constructions féodales, la Cité de Carcassonne et ses forteresses royales constituent l’une des premières constructions en série inspirées du modèle de fortification promu par le roi Philippe Auguste et perpétué par ses successeurs capétiens. Ce réseau de forteresses était destiné à défendre la frontière franco-aragonaise, alors toute proche, mais également à asseoir le pouvoir royal sur un territoire nouvellement conquis, à l’issue de la croisade contre les Albigeois (cathares), et décourager toute tentative de rébellion.

Édifiées en seulement quelques décennies sur les sommets montagneux des piémonts pyrénéens et de la Montagne Noire, le système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne témoigne ainsi de la diffusion rapide du modèle d’architecture philippienne, caractérisé par une véritable révolution des techniques de défense, et de son adaptation aux reliefs tourmentés de nos montagnes, confinant à la prouesse architecturale.

Entièrement géré depuis la sénéchaussée royale de Carcassonne, siège du pouvoir politique, administratif et militaire, la construction de ce chapelet de forteresse est également emblématique de la planification d’un système défensif frontalier, planification caractéristique des débuts de l’État centralisé en France.

Voilà ce qui rend les Forteresses royales du Languedoc uniques au monde !

Les étapes de la candidature à l’Unesco

En janvier 2025, la France a déposé officiellement le dossier de candidature à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco des "Forteresses royales du Languedoc ", ensemble architectural exceptionnel composé de huit monuments répartis entre les départements de l’Aude et de l’Ariège : les châteaux d’Aguilar, Lastours, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus, et Termes ainsi que les forteresses de Carcassonne.

Cet ensemble est un témoignage exceptionnel du système défensif territorial conçu et administré par le roi de France après la Croisade contre les Albigeois. Ces monuments, édifiés sur des pitons rocheux, dans des paysages grandioses, illustrent une période charnière de l’histoire, et offrent un exemple unique d’architecture militaire homogène – leur conférant une Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE).

Ce dépôt est une étape cruciale après 12 ans d’un vaste et ambitieux travail scientifique et territorial porté par le Département de l’Aude, présidé par Madame Hélène Sandragné et les équipes de l’Association mission patrimoine mondial (AMPM), présidée par Hervé Baro qui en est le président délégué. Suivront 18 mois d’expertise internationale avant le Comité du patrimoine mondial, décisif, qui se tiendra à l’été 2026.

  • 2013 : Constitution du comité scientifique pluridisciplinaire*, dont le rôle a été d’identifier et de justifier le caractère universel et exceptionnel d’une série de châteaux. Ce travail a conduit à la sélection de huit monuments. Dès lors a débuté le travail d’écriture d’un premier dossier de proposition d’inscription.
  • 2017 : 
    • La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, inscrit le dossier sur la Liste indicative de la France, au sein de laquelle l’État sélectionne les candidatures qu’il adresse au comité du patrimoine mondial à raison d’une par an seulement.
    • la Valeur Universelle Exceptionnelle (VUE) du bien en série est reconnue à l‘occasion de la 1re audition devant le Comité Français du Patrimoine Mondial (CFPM)
  • 2019 : l’AMPM est créée permettant de fédérer l’ensemble des acteurs dans une gouvernance collégiale
  • 2020 : 2e audition devant le CFPM pour démontrer l’intégrité et de l’authenticité du bien et pour valider l’Analyse comparative internationale.
  • 2021 : 3e audition devant le CFPM pour valider les propositions de périmètres du bien, de zone tampon et des protections associées.
  • 2023: 4e audition devant le CFPM pour valider en première lecture le plan de gestion et la gouvernance du bien en série
  • 2024: 5e audition devant le CFPM pour la présentation du dossier complet et examen de complétude
  • 2025 : Dépôt du dossier en janvier
  • 2026 : Décision attendue lors du comité du patrimoine mondial

Le comité scientifique

Depuis 2013, un comité scientifique assiste le Département dans la démarche de candidature à l’Unesco. Il est composé de 13 experts : historiens, archéologues, conservateurs du patrimoine, géographes et ethnologues. Leurs travaux et leur expertise ont permis, entre autres, de justifier la valeur universelle exceptionnelle des forteresses, et se poursuivront jusque l’inscription finale sur la liste du patrimoine mondial.

En savoir plus sur les 8 sites...

Si la date de la fondation du château d’Aguilar demeure inconnue, la première mention de celui-ci remonte en 1240. Dépossédée de son château par le roi de Montfort à la fin du XIe siècle, la famille de Termes utilise alors le château d’Aguilar comme lieu de rassemblement pour soutenir la révolte de Raymond Trencavel. Au XIIIe siècle, le château d’Aguilar devient définitivement une forteresse royale. Mais, quelques années plus tard, en 1659, le traité des Pyrénées vient faire perdre tout intérêt défensif au château d’Aguilar. Il est alors abandonné. 
Le château d’Aguilar est classé Monument historique depuis 1949. Aujourd’hui, il est même l’une des 8 forteresses royales candidates à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco ! Enfilez de bonnes chaussures et partez à la découverte de ce site d’exception !

Ne passez pas à côté du château Comtal et des remparts de la Cité de Carcassonne ! Ce lieu emblématique était, au XIIe siècle, le centre du pouvoir des Trencavel, vicomtes de Carcassonne. Élément central du système de défense, la Cité de Carcassonne a traversé des périodes historiques mouvementées que vous ne manquerez pas de découvrir… Entre château, remparts et Cité, Carcassonne n’a pas fini de vous surprendre ! Classé au Monument historique depuis 1849, inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1997, la Cité témoigne de 2500 ans d’histoire et offre, encore aujourd’hui, des joyaux à travers un mélange d’architecture romaine, romane et gothique. Vous êtes convaincus ? Alors soutenez la candidature de la Cité de Carcassonne avec les autres forteresses royales à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco ! 

C’est au XIe siècle que la seigneurie de Cabaret prend possession du village médiéval ainsi que de trois des quatre châteaux de Lastours appelés Cabaret, Surdespine et Quertinheux. Aux alentours de la moitié du XIIe siècle, les 22 coseigneurs de Cabaret deviennent adeptes du catharisme. Lors de la croisade contre les Albigeois, les châteaux primitifs et le village médiéval sont détruits. Quelques années plus tard, Saint-Louis, le roi de France, affirme son autorité et adapte les nouveaux modes d’attaques aux trois châteaux en complétant avec la Tour Régine. Mais la Révolution vient mettre fin à ces conflits et les châteaux sont abandonnés. Enfilez de bonnes chaussures, armez-vous de courage et grimpez pour atteindre ces 260 mètres d’altitude et une vue à couper le souffle. Si vous hésitez encore, sachez que les châteaux de Lastours sont classés Monuments historiques depuis 1905, mais aussi candidats à l’inscription, avec les autres Forteresses royales, au patrimoine mondial de l’Unesco ! 

Construit au début du XIIIe siècle, le château de Montségur est l’un des sites les plus incontournables de la région. Son histoire tumultueuse animée par les croisades des Barons, l’assassinat de deux inquisiteurs, la construction d’une nouvelle forteresse, le nouveau modèle défensif philippien puis la perte de son intérêt stratégique causé par le traité des Pyrénées, ont entraîné l’abandon du château. Connu sur son point culminant à 1207 mètres d’altitude, le château de Montségur est un monument emblématique en Ariège. La particularité de cette forteresse tient aussi à son histoire, qui en émeut plus d’un ! Alors n’attendez plus pour découvrir le château de Montségur, classé Monument Historique depuis 1862, candidat à l’inscription, avec les autres Forteresses royales du Languedoc, au patrimoine mondial de l’Unesco ! 

Au cœur de la nature sauvage à Duilhac-sous-Peyrepertuse se trouve… le majestueux château de Peyrepertuse daté du Moyen-âge. Après avoir vécu la croisade des barons et la croisade royale en 1226, le monument devient forteresse royale en 1258. Grâce à ce titre, le château lance des travaux de fortification jusqu’au XVIIe siècle pour assurer le contrôle du territoire et lutter contre le roi d’Aragon, une puissance ennemie. En 1659, le traité des Pyrénées fait perdre la puissance et l’intérêt de Peyrepertuse. Toutefois, une garnison continue à occuper la ville jusqu’à la Révolution.
Le château de Peyrepertuse est sans doute la plus spectaculaire des Forteresses royales du Languedoc. Rendez-vous à 800 mètres d’altitude dans sur les hauteurs de Duilhac-sous-Peyrepertuse pour en prendre plein la vue ! Et n’oubliez pas de soutenir sa candidature à l’inscription, avec les forteresses, sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco !

Partez à la rencontre de la citadelle médiévale de montagne qui domine le village de Puilaurens-Lapradelle. Oui, il s’agit bien du château de Puilaurens ! Élevé à 697 mètres d’altitude, le château bénéficiait pour l’époque d’une situation géographique stratégique puisque ses occupants pouvaient anticiper les éventuels conflits et notamment bloquer les accès aux Fenouillèdes. De ce fait, le château est devenu, pendant 4 siècles, la forteresse la plus méridionale de France. 
Le château de Puilaurens est l'une des forteresses royales les mieux conservées de la région, ce qui lui vaut d’être l’une 8 à candidater, ensemble, à l'inscription au patrimoine mondial de l’Unesco. N’ayez pas peur du vertige, enfilez vos baskets direction le château de Puilaurens et admirez le panorama !

À 728 d’altitude, sur les hauteurs de Cucugnan, se trouve une forteresse royale des plus impressionnantes… le château de Quéribus ! Les premières constructions de ce château ont eu lieu au Xe siècle, pendant le Moyen-âge. C’est d’ailleurs l’un des châteaux les plus représentatifs de cette époque avec la précision de ses plans et son architecture moyenâgeuse. La situation géographique du château de Quéribus le fait devenir forteresse royale au XIIIe siècle. Quelques années plus tard, le traité des Pyrénées de 1659 lui fait perdre tout avantage. Le château tombe alors en ruine. 
Aujourd’hui candidat avec 7 autres Forteresses royales du Languedoc à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, le château de Quéribus se mérite… Plusieurs dizaines de minutes de marche sont nécessaires pour découvrir une vue panoramique sur le département ! Promis, ça en vaut la peine !

Surplombant les gorges du Termenet à 458 mètres d’altitude, le château de Termes était au XIIe siècle, l’un des plus puissants du Languedoc. Lors de la croisade en 1210, puisque les seigneurs de Termes sont favorables au catharisme, Simon de Montfort s’attaque à la forteresse. Cet épique siège est un des évènements de la Croisade albigeoise. En 1228, le château est intégré au réseau de défense de la frontière d’Aragon et passe sous le contrôle du roi de France. Il est volontairement détruit en 1654, peu avant le traité des Pyrénées. 
Il y a des vestiges du castrum, mais le château date essentiellement du réaménagement fait par les ingénieurs du roi au XIIIe siècle. Candidate avec les 7 autres Forteresses royales du Languedoc au classement au patrimoine de l’Unesco, le château de Termes, avec son village et ses gorges accessibles, vous invite au cœur des Corbières pour une expérience unique.